La Lutte Ouvrière
Voies du monde est allé à la rencontre de Philipe Bungener, militant fidèle du parti politique Lutte ouvrière dans lequel il s’investit depuis 53 ans dans l’espoir de rendre justice aux travailleurs du monde. Philipe Bungener a vécu durant une période mouvementée par divers chamboulements d’ampleur, marquée par une multitude de guerres s’étant produites dans les quatre coins du monde. Encore collégien lorsque la guerre d’Algérie se déroulait, l’entretien de Philipe Bungener nous a permis de plonger dans un autre temps avec une analyse sous un prisme inédit du monde actuel.
PHILIPPE BUNGENER
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Philippe, un camarade de la Lutte Ouvrière et je vends mon petit journal depuis 1971, depuis que je suis lycéen et maintenant, je suis retraité.
Qu'est-ce qui vous a amené à cet engagement ?
Quand j'étais encore au collège, à l'âge de 10 ans, il y avait la guerre d'Algérie, et la guerre d'Algérie, ça voulait dire en permanence de la violence, la police ici et là. J’avais certains de mes amis qui étaient partis au moment de cette guerre. Et ces évènements m’ont laissé des souvenirs marquants.
La gauche qui était au gouvernement avait trahi les travailleurs au moment de cette guerre. La gauche aurait pu donner l’indépendance à l’Algérie en 1944, 1945…Mais en 1945, ils ont bombardé Sétif, l’Afrique du Nord, en disant que c’était la libération, mais en réalité, c’était le début de la guerre d’Algérie ! Puis, au niveau mondial, il y avait aussi eu la guerre d’Indochine, la guerre à Madagascar, la guerre au Cameroun…Et aujourd’hui encore, la guerre continue et l’armée française ne devrait pas mettre les pieds en Afrique ni ailleurs.
Donc, je me suis engagé dès ma jeunesse à cause de toutes ces injustices, du racisme, du nationalisme que j’ai pu voir, car ça n’a aucun sens de l’être. C’est de la barbarie, de l’exclusion ; et la culture, ce n’est pas ça. La culture, c’est comprendre, écouter et surtout connaître.
Quelle est la caractéristique, selon vous, qui existe seulement dans le parti "La Lutte Ouvrière" et qui n'est pas présente dans les autres partis ?
« Lutte ouvrière » est un groupe qui est plus connu sous le nom de Arlette Laguiller et aujourd’hui Nathalie Arthaud. Il défend les idées socialistes, les idées communistes, les idées de l'émancipation des travailleurs. C'est un groupe qui n'est pas nationaliste, mais internationaliste, parce que les travailleurs ont toutes les origines, toutes les nationalités et couleurs de peau.
Nous sommes pour que les travailleurs dirigent la société et pas une minorité. Nous pensons que les travailleurs sont plus intelligents que tous les hommes politiques, en ce sens, qu'ils connaissent les problèmes de la vie quotidienne et qu’ils sont capables de les régler. Nous sommes pour que les travailleurs exproprient la bourgeoisie, qui est un parasite à tous les niveaux : la bourgeoisie détruit la planète, elle détruit la société et elle organise les guerres.
Quelle lecture pourriez-vous faire du monde actuel ?
Aujourd’hui, quand nous écoutons les hommes politiques à cause de la guerre en Ukraine : ils préparent la guerre et c’est fortement lié au monde capitaliste.
Macron a dit qu’il n'y a pas d'argent pour les retraites, il n'y a pas d'argent pour augmenter les salaires, mais il y a bien de l'argent pour faire la guerre ! Et la gauche, la droite, le gouvernement, ont voté 413 milliards pour réarmer l'armée française. Les États-Unis font la même chose, tous les pays d'Europe font la même chose, et ce qu'on peut dire aujourd'hui de la situation, c'est que l'ensemble des pays sont mobilisés pour faire la guerre. Il y a une guerre contre la Russie et c’est le peuple ukrainien qui paie, mais demain, ça sera peut-être avec la Chine…Et finalement, pour le plaisir des bourgeois, ces hommes sont en train de tuer l’humanité et préparent une guerre de haute intensité.
L’état actuel de la France en un mot ?
La bourgeoisie française se porte très bien : il n'y a jamais eu autant de bénéfices au CAC 40. Un des hommes les plus riches du monde, c'est un Français, la femme la plus riche du monde, c'est une Française et même dans les entreprises où on produit moins, aujourd'hui, elles sont mieux cotées à la Bourse et dégagent encore plus de bénéfices. C'est la France des bourgeois ! Et la France des travailleurs : elle souffre ! Elle subit et il y a de la misère.
On parle alors des Restos du cœur, mais à notre époque, ça ne devrait plus exister. La soupe populaire, ça ne devrait plus exister : C'est une honte ! Dans un des pays les plus riches du monde, il y a des centaines de milliers de personnes qui ont besoin des Restos du cœur parce que sinon ils ne pourront pas manger, de même que pour les étudiants qui ne pourront même pas manger ce soir à leur faim, et c'est ça le problème.
Si demain vous pouviez changer une chose en France, que serait-elle ?
Ce qui est important, c'est que les travailleurs s'organisent. Beaucoup de travailleurs ne votent plus aux élections, ce n'est pas grave et ils ont raison ! Pourquoi ils iraient voter pour des gens qui vont les tromper demain ? Il faut aussi dire à la gauche de Mélenchon, la France insoumise, les écolos, et à la droite : nous n’avons aucune confiance à faire dans tous ces hommes politiques. Les travailleurs doivent s’organiser, défendre leur cause : c'est la meilleure réponse à tout ce qui se passe, à tous les problèmes qui existent dans notre société.
Que diriez-vous aux détracteurs de " La Lutte Ouvrière" ?
Nos détracteurs sont la France des bourgeois. Nous les subissons partout, dans toutes les lois du gouvernement. La France des bourgeois sont très bien organisés, ils ont la justice, la police et l'armée avec eux. C’est pourquoi, je dirai que les travailleurs doivent s'organiser politiquement, bien sûr, et syndicalement. C’est aux travailleurs de décider de ce qui est utile ou pas dans la société. C’est à eux de diriger la société.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à la jeunesse ?
J'ai confiance dans l'avenir, j'ai confiance dans les travailleurs, les femmes et les hommes. Ils ont une immense capacité, une immense réserve, une immense humanité en eux et une immense énergie…Toute cette puissance est cachée en eux. Ils ont la capacité de se mobiliser d’une façon extraordinaire.
La jeunesse est importante. On a connu en mai 68, une petite révolte, j’étais jeune à l’époque, j’ai pu voir ce que c’était. Demain, les travailleurs et la jeunesse auront beaucoup plus d'imagination et de capacités pour se défendre. Avec toutes les technologies qui existent, les travailleurs pourront encore mieux se mobiliser, mais pas seulement en France, dans toute l'Europe et dans le monde entier ! Et c’est ce qui m'encourage à continuer et à défendre mes idées. Je me dis qu’il faut continuer, ne jamais abandonner, parce que justement, l’avenir appartient aux travailleurs.